DIKTAT CONTRE L’EURO

Publié le par Michel Debray

 

 

Envoi par Robert Bibeau : http://www.robertbibeau.ca/palestine.html
 
 
 
 
21.05.2010
 
La crise économique grec fait trembler le monde. La petite Grèce menace d’entraîner l’économie mondiale à sa perte. Si la Grèce a une telle importance économique, pourquoi ne l’a-t-on surveillée étroitement pour l’empêcher de nous précipiter dans cette crise ? Saviez-vous que la Grèce était une puissance économique de cette importance ?  Évidemment non, parce qu’elle ne l’est pas.
 
De quoi parle-t-on au juste ?  D’un pays de 11 millions d’habitants (2,2 % de la population de la zone Euro), dont le PIB était de 222  Milliards de dollars en 2005, soit  1,2 % du PIB de L’Union européenne qui tourne autour de 18 285 Milliards par année. Ce serait le déficit public de ce lilliputien qui ferait s’écrouler l’économie de l’Europe toute entière, l’Europe qui représente 30 % de l’économie mondiale contre 24 % pour les États-Unis.
 
Le père fouettard présente « l’énorme » dette de la Grèce comme étant un gouffre sans fond. La Grèce est  plombée d’une dette publique à long terme de 113 % de son PIB soit 235 Milliards de dollars au total contre une dette publique de  6 509 Milliards pour l’ensemble de l’Union européenne, la Grèce représente donc 3,6 % du total de la dette de la zone Euro. La Grèce est grevé d’un déficit budgétaire courant de 28 Milliards de dollars contre  300 Milliards $ de déficit annuel pour l’ensemble de l’Union, la Grèce représente donc 9 % du total de l’Union.  Bref, pour chacun des indicateurs économiques, la Grèce représente entre 9 et 1,2 % des valeurs globales en jeu.  
 
Le programme de sauvetage financier de la Grèce coûtera tout au plus 30 Milliards d’Euros échelonnés sur quelques années, l’équivalent d’une semaine du déficit américain (dette publique correspondant à 90 % de son PIB annuel). Par contre, un plan de défense de L’Euro vient d’être annoncé par les chefs de gouvernement à hauteur de 750 Milliards d’euros, davantage que le plan de sauvetage des institutions financières après la fraude américaine l’an dernier.
 
Ces chiffres suffisent à faire comprendre que l’on ne parle plus de l’affaire grec depuis belle lurette. Ce n’est pas la Grèce qui menace l’Euro, l’économie européenne et l’industrie mondiale, ce sont les spéculateurs boursiers qui jouent contre l’Euro (1).  Pourquoi jouent-ils contre l’Euro ? Pour sauver le dollar et l’économie parasitaire américaine. L’économie américaine est une économie de consommation et d’importation ; alors que les économies japonaise, chinoise, allemande, suédoise et néerlandaise sont des économies de production et d’exportation.
 
Pouvez-vous imaginer un ménage qui ne ferait que consommer. Pendant trente ans, ce ménage consommerait deux à trois fois plus qu’il ne produirait (ou qu’il ne gagnerait). Son déficit annuel courant serait chaque année plus important et cela depuis trente ans. De l’autre côté de la rue, le ménage d’en face approvisionnerait le déficitaire année après année. Un jour le ménage créancier risque de se présenter chez le débiteur et lui réclamer son dû. C’est ce qui risquait de se produire pour les Américains. Le dollar a servit de monnaie d’échange international depuis l’accord monétaire international de Bretton Woods (2). Les Américains ont donc imprimé des dollars – émis des devises – non pas autant que leur économie en avait raisonnablement besoin, mais autant que l’économie mondiale en avait besoin.  Depuis dix ans environ les États-Unis ont émis pour 29 000 milliards de dollars de devises au-delà de leur développement économique national. C’est ainsi que notre voisin consommateur réussit à vivre au-dessus de ses moyens depuis trente ans. C’est ainsi que la valeur du dollar diminue progressivement face à l’Euro et face au Yen. Malgré la force de leurs devises, les Japonais et les Allemands parviennent tout de même à exporter largement grâce à une productivité supérieure et à la qualité de leurs produits. Par ailleurs, leur monnaie forte attire les investissements à la recherche de profits juteux.  Tout cela mine le dollar qui perd peu à peu son titre de monnaie refuge au profit de l’or, de l’Euro et du Yen dont les valeurs n’ont cessé de croître… jusqu'à la crise spéculative du mois d’avril.
 
L’an dernier un groupe de pays producteurs de pétrole et de pays émergents réunis autour de la Chine, de l’Iran, de la Russie et du Brésil ont décidé de convertir leurs dollars en un panier d’autres devises, l’Euro étant la première de ces devises, et de cesser de faire leur commerce, au premier chef  le commerce du pétrole, en se servant de l’étalon dollar. Cette décision doit entrer en vigueur progressivement à partir de 2012.
 
La spéculation boursière visant l’Euro est la première riposte des spéculateurs  américains contre cette décision qui les priverait de leur statut privilégié de banquiers du monde.  En ramenant l’Euro à parité avec le dollar (3) -  l’avantage Euro - l’intérêt pour les détenteurs de devises de posséder des Euros plutôt que des dollars, s’amenuise. Évidemment, un Euro moins cher favorisera les exportations européennes sur les marchés mondiaux, mais c’est le Japon et la Chine qui en pâtiront. Il y a déjà un certain temps que les États-Unis ont renoncé à défendre leur industrie et leur force productive contre la concurrence étrangère. Les services représentent 78 % du PIB américain, alors que l’industrie ne représente plus que 16 % du PIB américain.
 
Jean-Michel Vernochet n’a pas tort d’affirmer que ce jeu spéculatif contre l’Euro  – ce chaos constructeur – présente un réel danger de voir s’effondrer l’ensemble de la structure monétaire mondiale. L’Euro représente tout de même la première économie du monde (30 % du PIB mondial). Mais qu’importe, les spéculateurs ont confiance de briser les visées hégémoniques de l’Euro et de le remettre sous la coupe du dollar, l’instrument monétaire de leur domination sur l’économie mondiale.  Avant d’attaquer l’Iran et de fermer le détroit d’Ormuz à la navigation pétrolière et ainsi priver l’Europe et la Chine du pétrole du Moyen-Orient, les États-Unis possède quelques autres moyens de contraindre ses partenaires à se soumettre à ses diktats.
 
Salutations cordiales
 
 
 
 
Pour compléter son info :
 
Crise de l’euro : la marche à la dislocation de la zone euro :
http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/crise-de-l-euro-la-marche-a-la-76054
"Les mensonges les plus incroyables, les campagnes médiatiques les plus illusoires, les déclarations les plus contradictoires, tout a été fait
depuis des mois pour essayer, sans résultat, de nier que la crise de l’euro conduisait à la dislocation de la zone monétaire du même nom et à la fin de la monnaie éponyme. Les faits économiques, sociaux, financiers, politiques, ont été plus forts que les mots qui ne protègent pas du réel. Les Attali, les Strauss-Kahn, les Juncker, les Trichet, les Lagarde bavardent, pérorent, se rassurent verbalement pendant qu’autour d’eux, tout s’écroule ! Le spectacle que ces gens-là offrent est pathétique et déconnecté du monde réel. Les politiques français -pour rester dans l’hexagone- de tous bords ont été, depuis le début de la crise de l’euro, qui se conjugue maintenant avec des crises régionales qui tendent à une crises mondiales, les plus aveugles, les plus englués dans la position des « autruches »."
 
Dette et Austérité : aujourd’hui comme hier, les marchés se trompent, par Paul De Grauwe :
http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3054
"Avis d’expert. Le secteur financier et les agences de notation, dont l’extraordinaire clairvoyance nous a conduit où l’on sait, sont de retour
sur le devant de la scène, toute honte bue, et réclament sans vergogne l’application immédiate de plans de rigueurs pour juguler une dette qu’ils jugent excessive, ce qui ne peut que casser une reprise encore fragile, avertit l’économiste Paul De Grauwe, qui rappelle que la dette souveraine n’a gonflé qu’en raison de l’insouciante prodigalité du secteur privé et non du public. « Derrière chaque euro supplémentaire de dette publique, il existe un euro de dette privée qui a été repris ou soutenu par l’Etat, » note-t-il, avant de conseiller instamment aux politiques de se défaire de la croyance que les marchés auraient toujours raison."
 
L’actualité de la crise : un magistral contresens, par François Leclerc :
http://www.betapolitique.fr/L-actualite-de-la-crise-un-54442.html
"C’est en direct que nous assistons à ce que les historiens qualifieront plus tard de l’un des plus magistraux contre-sens de toute l’histoire
contemporaine. Les uns après les autres, pressés par la BCE, le FMI, l’OCDE et la Commission de Bruxelles, les gouvernements européens s’enfoncent dans la crise en mettant progressivement en oeuvre de rigoureux plans de réductions budgétaires, qui ne peuvent en réalité, pour toute garantie et résultat, qu’ouvrir la voie à une dépression économique de longue durée, ainsi qu’à une éventuelle remise en cause de la zone euro. Ils tentent ainsi de se présenter comme les meilleurs pourfendeurs des déficits publics, présentés comme étant la cause de tous les périls, tout en continuant de se refuser à prendre à bras le corps l’état du système bancaire européen, qui donne pourtant tous les signes d’un nouvel accès de faiblesse, appelé à être le vecteur du rebondissement systémique de la crise quand elle se manifestera brutalement."
 
Crise en Grèce : la solution :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/crise-en-grece-la-solution-74728
"Comme toujours en sciences économiques, la solution du problème est triviale. Personne ne l’évoque clairement. Pourtant elle est dans l’air,
on la pressent entre les lignes : la solution au problème grec, finalement, tout le monde l’a sur le bout de la langue. Si, si, vous l’avez bien sur le bout de la langue. La solution au problème grec nous vient à l’esprit inconsciemment comme le doute s’empare toujours, pendant quelques instants, du pigeon sur le point de se faire escroquer. La victime sent bien que quelque chose cloche, le tour passe par un point d’inflexion, puis le prestidigitateur reprend le dessus, in-extremis."
 
Plan d’aide à la Grèce : Pour Dupont Aignan ce plan est un sabordage :
http://www.marianne2.fr/Dupont-Aignan-le-plan-d-aide-a-la-Grece-est-un-sabordage_a192543.html 
"Cette nuit, à 1H30 du matin, par un vote à main levée, le gouvernement, l’UMP et le PS ont engagé les Français pour 16,9 milliards d’euros
dans un plan dit de sauvetage de la Grèce. Un plan que j’ai qualifié de « sabordage », tant il est surréaliste, défiant toute rationalité économique et sociale. Si Jean-Pierre Brard, Charles Amédée de Courson et moi-même n’avions pas été présents dans l’hémicycle, le vote de la loi de finances rectificative, engageant la France et débloquant une première enveloppe de 3,9 milliards d’euros, aurait été obtenu en moins de deux heures."
 
 
 TRANSMIS PAR JEAN-JACQUES REY

Publié dans Metteux d'fu

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