RACISME D'ETAT

Publié le par Michel Debray

 

DENATURALISATION
PETAIN L’A FAIT
SARKOZY VEUT L'IMPOSER

 

Le 30 juillet 2010, lors de son déplacement à Grenoble destiné à annoncer l’amplification de sa politique sécuritaire, Sarkozy a déclaré : « Il ne faut pas que nous hésitions à réévaluer les motifs pouvant donner lieu à la déchéance de la nationalité française. […] La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d'origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d'un policier, d'un gendarme ou de toute personne dépositaire de l'autorité publique. » (« Nicolas Sarkozy met la déchéance de nationalité au cœur de sa politique sécuritaire », article publié sur le site du Journal Le Monde le 30/07/2010).
 
 Si ce souhait présidentiel était exhaussé (il y a tout lieu de craindre que le Parlement vote un texte en ce sens), ce serait la première fois depuis le  régime de Vichy que l'Etat français dénaturaliserait des personnes pour d'autres raisons que celles en vigueur actuellement :
 l’atteinte à la sureté de l'Etat (ce que l’on qualifie généralement «d’actes de terrorisme »), et le fait d'œuvrer pour une puissance étrangère et contre les intérêts de l'Etat français (c'est-à-dire faire de l'espionnage pour le compte d'une puissance étrangère).
 
 .../...
 
 Rappeler que, depuis le gouvernement de Vichy, aucun chef d'Etat français n'a envisagé publiquement et concrètement de destituer de la nationalité  française des personnes d'origine étrangère pour des raisons sécuritaires, rappeler ce fait vaudra-t-il les foudres du pouvoir – cette fois, celles du
 Président de la République lui-même ?
 
 En proposant de recréer deux catégories de français, les français d’origine, au statut garanti, et les "français précaires" d’origine étrangère, le Président de la République, en principe garant de la Constitution de la République, remet gravement en cause l’un de ses piliers les plus essentiels : le principe d’égalité. Et cette définition de deux catégories de français, Sarkozy veut la fonder sur le critère de l’origine. C’est parce que ce type de différenciation contient en lui-même la possibilité de catégoriser les citoyens selon des critères ethniques et raciaux que l'INSEE n’a pas le droit d’établir de statistiques à partir des origines des individus ayant la nationalité française.
Segmenter ainsi la population à partir de critères d’origine géographique, qui sont de fait des critères ethniques, débouche inévitablement sur la définition de français de seconde zone, que l’on pourra traiter comme des sous-hommes. C’est ce qui se passe avec l’offensive haineuse actuelle contre les Roms et les "Gens du voyage", ces gens que l’on déshumanise en les présentant, comme le faisait la propagande d’extrême-droite des années 30 et 40, comme des monstres à éloigner, voire à éliminer. C'est un moyen éculé, employé depuis des lustres par la bourgeoisie, pour en finir avec cette théorie « funeste » de la lutte des classes.
 
 Ce contrôle des populations par l'Etat, qui suppose leur ethnicisation, et que le régime de Vichy avait légalisé en son temps, conduit inévitablement à entériner l'apartheid social. Nous ne pouvons accepter de tels choix de société, qui conduisent au renforcement des inégalités sociales en  racialisant des pans entiers de la population. Ainsi procède le pouvoir aujourd’hui, face aux personnes impliquées dans des conflits sociaux, - par exemple lors des émeutes dans les quartiers ghettos, lors des révoltes contre des violences policières conduisant à la mort d'individus, comme à Villiers-le- Bel ou à Saint-Aignan.
 
 Le projet de déchéance de la nationalité française porté par Sarkozy s’inscrit en continuité des politiques sécuritaires menées depuis la fin des  années 1990 au moins, tant par les gouvernements de droite que par les gouvernements de gauche. Pendant que s’accumulent les problèmes du chômage, de la misère, du logement, qui conduisent à l'appauvrissement de pans entiers de la population et à des drames humains, se renforce la xénophobie d’Etat. Les Manouches, les Roms et les Tziganes sont les nouvelles victimes désignées à la vindicte publique. Ils devront subir la destruction de leurs campements, la criminalisation de leurs comportements, et pour certains les expulsions du territoire – avec, cerise sur le gâteau, les contrôles fiscaux!
 
 Les Bettancourt et consorts peuvent verser leur obole à une caste politique qui n'a d'autres perspectives que de se maintenir ou d’accéder de nouveau au  pouvoir. Leurs « bienfaiteurs » continuent à nous exploiter, à dégrader nos conditions de vie et, en fin de compte, à détruire la planète. Ainsi, les
 plus riches soutiennent financièrement, en toute impunité, des partis et candidats politiques à leur botte, en versant quelques subsides à des  micro-partis. A l'opposé, on propose à des pauvres de survivre en créant des micro-entreprises, idée « géniale » du micro ministre Martin Hirsh !
 
 Finissons en avec ces cauchemars du passé et du présent. Prenons nos affaires en mains. Eros doit terrasser Thanatos !

 SOIF D'UTOPIES

Publié dans Metteux d'fu

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article