AVIGNON OFF - 2010 - 3

Publié le par Michel Debray

BILAN

 

Cher Voltaire,
Vous me demandez pourquoi mes frères et moi on est parti durant 99 jours
Mais pour retrouver dans la ferme des concombres Attila,reine des belges et Olympe de Gouges qui attendaient,sages comme des images,faisant leurs rituels,...apprenant le gai savoir du théâtre et dansant le flamenco,parfois.
On the road,Dieu qu'ils étaient lourds,nos bagages!
Aussi certains d'entre nous,ignorant les lois de la gravité,décidèrent de partir à Paris frou-frou
visiter le musée des gros mots.
- Oh my god ! s'exclama Cut puis il dit:
- Vous plaisantez Mr Tanner?
Signé votre amoore:
LB25.

Patricia a rédigé ce petit texte qui reprend tous les spectacles que nous avons vus à Avignon, moins 2 qu'elle n'a pas pu voir à cause de son départ.
Un très bon cru : 2 ou 3 médiocrités sur 24.
On y retourne en 2011 !!!

MERCI AUX ARTISTES !

Difficile et un peu inutile de commenter des spectacles qui ne tourneront peut-être pas et qui se perdront dans l'oubli. Mais n'est-ce pas le fait des arts vivants que d'être éphémères ?
J'essaie quand même. Si vous voyez passer certains de ...ces spectacles près de chez vous, courez-y vite.

ATTILA REINE DES BELGES
Dans une maternité de Paris, Jacqueline, enceinte de deux ans et demi, refuse d'accoucher. La médecine est impuissante, le mari désespéré. A bout d'arguments, le docteur fait appel à Carole, chamane new age, qui va entrer avec nous dans la mémoire de Jacqueline pour y rencontrer... une aristocrate belge qui s'ennuie à mourir dans la cave de son château sous les bombardements, rêve de devenir sainte, et des héros de la Résistance ; une jeune femme hongroise, poursuivie par une horde de Russes bolcheviques peu aimables, obligée de quitter son pays à toute vitesse en carriole avec toute sa famille plus un cochon ; un douanier américain borné, le roi Léopold II, l'indépendance du Congo, la Sainte-Vierge, des tyrannosaures en pleine forme...
Texte de Laurent Dubost et Marie-Elisabeth Cornet
Mise en scène de Laurent Dubost
Avec Marie-Elisabeth Cornet

SAGES COMME DES IMAGES
Une adaptation de cinq monologues (avec 2 comédiennes et 1 comédien), tirés des " Récits de Femmes " de Dario Fo et Franca Rame
Pourquoi reprendre "Les Récits de Femmes" ?
Parce que contrairement à ce que l'on pense, on peut parler de la condition de la femme et en rire.
Parce que lors des précédentes représentations, nombreux sont ceux qui étaient surpris par l'actualité de ces propos datant de 1970. Parce que le rire est le premier pas vers la réflexion.
Parce que l'on se doit de rester vigilant pour protéger les acquis de nos mamans.
Parce que c'est une manière ludique et vivante de transmettre cette Histoire aux jeunes générations.
"Le rire libère l'humain de la peur (...). Alors, rions ! Dario Fo et Franca Rame

LE GAI SAVOIR sur le théâtre doit tout aussi à Dario Fo le clown de génie. Très drôle et instructif !

http://michel.balmont.free .fr/pedago/acteur/dariofo. html

99 JOURS, LES TROUBLES
Le spectacle 99 Jours, les troubles ressemble à un cri rassembleur, inévitable. Du travail de la nacre naît l’histoire d’une révolte, d’une résistance, d’une victoire possible. Il y a cent ans, dans l’Oise, ce cri a été entendu par la France entière et bien au-delà. Une épopée vigoureuse sur la rencontre du citoyen avec la solidarité d’où émergent parfois la trahison, la colère mais aussi le désir de fraternité, la confiance et la puissance de vie. Quelques notes, des rires, un accordéon, le plaisir de l’instant en partage…
J'ai pleuré de rage et d'émotion à ce spectacle émouvant et hautement actuel.
Marie Daguerre est sublime. A eux trois les comédiens font naître une émeute. Un grand moment !

LA FERME DES CONCOMBRES
Patrick Robine brosse des univers singuliers. Dans ce nouveau monologue, il nous mène dans un ailleurs improbable avecd une voix d'acteur superbe.
« En 1976, la sécheresse faisait des ravages, les vents d’Afrique remontaient jusque dans les hangars à tabac, il faisait une chaleur épouvantable… J’étais avec ma famille, on rentrait de Woodstock à pied, on a mis sept ans à rentrer… » : nous voilà donc partis en compagnie d’une bande d’allumés tout droit sortie des années hippies. Sauf que Robine est seul en scène pour nous raconter, sous forme d’épopée extraordinaire, la quête d’une ferme de concombres en plein désert – en somme un paradis sur terre.
Arpenteur inlassable de contrées imaginaires, le comédien nous fait bel et bien voyager. Il n’est pas en reste pour animer les scènes cocasses auxquelles participent une cucurbitologue, un serrurier-chamane, l’insupportable savant M. Je-sais-tout… Pas besoin de décors ou d’accessoires. Mettant son corps et sa voix au service des personnages, des animaux, des plantes, des objets, il imite comme personne l’œuf au plat ou le frémissement des grands séquoias à la tombée du soir. Là, il s’improvise chameau de Mogadiscio. Entre autres !
En une heure de temps, on traverse un monde totalement surréaliste. Vous saviez, vous, comment se prépare le succulent plat de l’hippocampe à l’auvergnate en crapaudine ? De grands éclats de rire fusent parmi le public. Bien que décalé, Robine est considéré comme un comique à part entière.

VOUS PLAISANTEZ MONIEUR TANNER ?
Avant d’hériter de la maison familiale, Paul Tanner menait une existence paisible. Mais depuis qu’il a décidé de la restaurer, rien ne va plus ! Maçons déments, couvreurs délinquants, électriciens fous, tous semblent s’être donné le mot pour lui rendre la vie impossible. Chronique d’un douloureux combat, galerie de portraits terriblement humains : le récit véridique d’un chantier infernal, coloré d’une bonne dose d’humour… Noir !

DIEU, QU'ILS ETAIENT LOURDS
Une magistrale évocation de L-F Céline dans uin montage d'interviews. Magnifique pour qui aime l"univers célinien.
Marc-Henri Lamande est magistral.
http://souffleursdeterre.c om/blog/index.php/?2007%2F 08%2F26%2F10-dieu-qu-ils-e taient-lourds

OLYMPE DE GOUGES, J'AI DIT
Le théâtre de la Tortue porte depuis plusieurs années la voix des femmes. Après Camille Claudel, Louise Michel c'est Olympe de Gouges, féministe avant l'heure qui paya de sa vie sa volonté de voir les femmes égales aux hommes. Sa détermination était effectivement très saugrenue, puisqu'elle a rédigé la Déclaration des Droits des Femmes alors que celle des Hommes de 1789 les en avait exclues, Laurie Bouculat, Hélène Hiquily, Emilie Perrin trois jeunes et belles actrices portent avec beaucoup de sobriété et de sensibilité le texte puissant et dense de l'auteur Giancarlo Ciarapica. L'émotion nous saisit en particulier à la fin de la pièce lorsque le texte pourtant si simple et si évident énonce quelques-uns des droits élémentaires. Et l'on se prend à souhaiter que ce texte soit étudié de toute urgence dans tous les lieux de mixité, qu'ils soit gravés dans le cœur de tous les êtres humains, que l'intelligence prenne le pas sur les violences et les ségrégations faites aux femmes. Mesdames, à voir en compagnie de vos pères, vos fils et vos maris !

OH MY GOD ! MES HOMMAGES AU CINEMA
Cybelle est l'animatrice productrice programmatrice et souvent téléspectatrice de l'émission "Mes Hommages au cinéma". Aujourd'hui elle attend la star Might Bright sur son plateau. Celle-ci étant en retard, elle en profite pour expliquer aux figurants (le public) ce qu'elle attend d'eux avant de leur diffuser une série d'extraits de films de tous les horizons.
Une performance d'actrice très drôle.

 

RITUELS POUR DES SIGNES ET DES METAMORPHOSES
Un conte philosophique sur le pouvoir et l'amour. une très belle pièce où a excellé notre amie Khadija El Madhi. Superbe !

http://www.facebook.com/photo.php?pid=347818&id=100000467063479&ref=album#!/khadija.elmahdi

 

AMOORE
Spectacle d'objets et de marionnettes érotiques conçu et interprété par Elisabetta Potasso.
C’est dans sa cuisine qu’Elisabetta attend son public. Du Nutella et de l’alcool pour les moments difficiles, de la musique et des gadgets inso...lites pour les périodes d’euphorie.
Elisabetta est jeune femme d’une trentaine d’années… seule depuis trop longtemps. Des amants, elle en a eu. Des hommes tous très différents dont elle s’amuse à nous conter les défauts et les particularités. Elle retrace ces moments de sa vie avec ironie, humour et cruauté à la fois. A non ces hommes là n’ont pas fait long feu !
Pourtant l’amour, celui avec un grand A, elle y croit encore comme une petite fille croit au prince charmant. C’est avec poésie et tendresse qu’elle nous le fait imaginer, qu’elle nous ouvre son coeur comme elle le ferait à une amie.
Derrière son visage d’ange se cache un petit bout de femme excentrique, qui parle de sexe sans complexe, de ses doutes moraux et vaginaux. "Moi j’aime les histoires d’Amour. Celles avec les A, les O et surtout beaucoup de U et tout en majuscules. J’aime aimer et être aimée, parfois faire du sexe, mais sans minuscules" crie t-elle.
Elisabetta Potasso, belle italienne, pleine d’énergie, passionnée et un brin névrosée, nous fait rire sans oublier de nous émouvoir. Elle capte son public en le faisant participer et suspend le temps par son charisme et sa sympathie.
"Amoore" est une pièce sur l’amour, le sexe, la femme. Un spectacle avec des marionnettes, des tortues, des vagins en biftecks et des collants troués. C’est l’histoire du bonheur et de la solitude. Elisabetta est une Bridget Jones méridionale représentant toutes les femmes. Seulement elle, ce qu’elle veut c’est partager. Partager un lit, un petit-déjeuner et, pourquoi pas, une vie.
Drôle, cru et poétique à la fois, "Amoore" est un voyage au milieu des pensées féminines, un moment de pur bonheur… presque trop court.

 

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