Franche lippée - par Jehan-Michel de Mesnières

Publié le par Michel Debray

Un petit texte pour vous remercier Dany et toi de cette soirée agréable, une de ses soirée qui ressemble aux  niches dans les tunnels ferroviaire ou l'on s'abrite pour laisser passer le train de la vie  sncf ( societé securitaire du nain qui conduit la France)?  Et puis les jeunes en sont repartis avec la besace pleine d'idées et de projets.

 

Béati pis alintor ed ti, imbrache fort nos Dany pour nous eutes, Portez vous bien c'est un ordre !

 

Sept. Sept pèlerins pérégrinant un peu parfois cassés, dans leur tête, certains dans son corps.

Décidèrent d’aller s’abîmer en dévotions au vieux sage de la falaise. Là-bas du côté du Tréport

Dernier espoir pour eux, la route qu’ils suivaient s’arrêtant dans la mer…juste au bord.

Arrivé en l’ermitage sémaphorique après détours, aventures et périples.

Après dragons, chausse-trappes et combats épiques.

Ils quittèrent à la porte leurs sandales, leurs besaces et leurs piques.

 

Se jetant mortifié, bras écartés à terre,

Ils obstruaient ainsi, et la cour et la barrière

Attendant que s’ouvre la porte de la lumière,

Ils restaient la tronche dans la poussière

Psalmodiant, d’antiques prières.  

 

L’un deux, lequel ? Je ne sais,

Au bruit du grincement de l’huis léger,

Ouvrit un œil chassieux pour constater :

Merde ! On s’est gouré !!

Voyant l’ouvreur encadré du chambranle qui le nimbé

Comme l’aréole de nos seins ou de l’autre là… le crucifié

S’écria tout étonné : c’est François Rabelais !   

 

Rabelais ? Brin tin tchul ! Rab’lais ! Ti meume rab’lais !

Ch’est mi, Michel éd Bray !

Pis ti ch’ l’écriveu arrête éd rimeu !

i manque des bout a tin discours, a n’est poé bieu !

L’ prose !  I eu qu' cheu dins la vie !

Qu’a fuche in fesse ou in écrit !     

 

Bon puisque le maître le dit, j’obtempère[i],

- Intreu ! A n’est poé freumé,

- Non not’ bon mait’, on ne saurait entrer chez vous avec nos "abyssal" et nos pieds maculés de toute la poussière accumulé du chemin et des pierriers !

- Ti, si tu n’arrétes  poé aveuc tes bouts rimés, j’ te mets in-ne maque au coin d’ tin nez !

 

Bon, puisque le maître le dit….

 

Assis furent-il autour de la Sainte Table

-Quouoque ch’est qu’o buveu, don ? Un café ? Un tiot verre ed rouge ? Bé, miu qu’édeu ! oz allons gouteu a un quique séquoi équ’ min bieu frère i foait li meume, Ch’ est fin boin.

Il tend à Corbin de Bourgogne une coupe de vermeille emplie d’un liquide d’or ou se noyaient les rayons ténus et joueurs d’un soleil printanier filtré par l’ombrage des vieux ormes sacrés de  la cour.

Il attendait son approbation.

-Oh maître ! Que guérit cette potion ?

-Rien, ch’est du Riv’saltes fermier, ch’est toute. A n’ guérit rien, ou putôt a guérit d’ toute, cha rdonne el sorire à chés hommes, pis  chés feumes i sat’te qui passeront in-ne boénne nuit. A depind si ch’ vin  y l’indort ou y décatouille leu z ‘hommes, dins les deux cas i sat’te qui pass'ront in-ne boénne nuit.

Ayant fini d’une torchée son verre, Corbin reprit ses armes et son bourdon de pèlerin. Fatigué de trainer sa misère hautaine en bon capitaine de routier qu’il était,  Il décida d’aller se mettre au service du brument du vieux maitre, la-bas dans l’Aude.

- J’ pouss’rais p’téte même jusqu'à Palos de Moguer décida-t-il.

- J’ te n’in sohaite ! Susurra Michel

Ignorant cette remarque sibylline, qui ne manquera pas de poser question au historien futur, on s’indigna de sa résolution, et comme c’est lui qui avait les clefs de la bagnole...  

L’assemblée réussit a l’en dissuader en lui faisant ingurgiter force rasades du nectar gouleyant que Rivesaltes mûrit en ses vignes lointaines et le vin affiné incliné sa tête au bord mystérieux d’un coma éthylique.      

  Le reste de la troupe le laissant rêver a des lendemains épiques et à des cocktails phosphorescents et  amers des tropiques, continua  à  boire et les paroles de Michel et le vin si bon que versait Dany de l’Hérault[ii] au regard si doux.  Le temps était intemporel au bord de l’eau comme chez Temporel…

-J’ vous fait une pâte à chou ? s’écrie soudain notre bonne Dany.

Et tous attablés dans le bruit des couverts entrechoqués et dans celui des verres qui se vidaient, ils mangèrent plutôt une paella.

 Vingt nom de bordel à cul ! s’écria, Corbin de Bourgogne revenant de sa torpeur,  n’y a-t-il pas en se monde ennuyé ou en ce ciel que j’ignore,  une étoile nouvelle qui monterait du fond de l’océan ?  Un poète, un griot que sais-je ! Capable de chanter la cuisine de Dany ? Lève-toi, l’aède ! Prends ton instrument et gratte le trou de ton luth ! Pour dire, Homère d’alors, les trésors culinaires, les saveurs, la joie de partager, le plaisir d’offrir a des chiens comme nous la pitance des Dieux !

David d’Amiens le jésuite chattemite aux manières levantines, les tentacules d’un supion débordant de sa lippe purpurine,[iii] graisseuse de bien mangement, tout en continuant ses agapes, l’assomme d’un poing sur le i du sommet de son crâne, voulant par ce geste symbolique, mais pas méchant, lui faire comprendre qu’une paella ça se respecte, et que celle de Dany ça s’honore. L’autre reparti vers Cipango  illico taire[iv] sa honte.

 

Etienne de Picardie descendant des gayants guerriers vaillants de sa terre bénit, déplie sa carcasse de moine templier et beugle en baryton la marche des matelassiers :

                                          Voilà les matelas, les matelas, matelassiers qui passent.
                                          Ça va carder.
                                          Allez, allez, matelassiers.
                                          Gloire aux matelas - aux matelas, et aux matelassiers.
                                          Quel beau métier, car il touche toutes les couches de la société.
                                          Les matelassiers

 

  Au moment où il s’apprête à entonner les Trois orfèvres, David d’Amiens le jésuite chattemite aux manières levantines, l’assomme d’un poing sur le i du sommet de son crâne, voulant par ce geste symbolique mais pas méchant, lui faire comprendre qu’il n’avait pas fini de souper.

 

 Les ventres plein, les esprits nourris, ils allèrent sur la plage s’adonner aux ablutions rituelles, Corbin de bourgogne vomit son estomac dans l’éternelle matrice salée du monde. David lève le poing,  la mer s’entrouvre mais Dieu vit que ce n’était pas Moïse et le flot se referma. C’est con ils auraient pu passer à FR3.   

Alors déçus, repus de mots et de pain, ils retournèrent tous vivre entre leurs parents le reste de leur âge.

Corbin maintenant est viticulteur, dans l’Aube[v] ou il communie avec sa passion

David travaille à l’abattoir.

Etienne est en tournée générale au p m u de Saint Just.

Michel et Dany jurent, mais un peu tard, qu’ils ne sont pas prêts de recevoir une pareil engeance chez eux ! 



[i] Et non pas zob ton père comme le fait remarquer si justement Max Gallo page 856 de son ouvrage : Que sont les cercles pour l’amer. Chez : mange lard Edition.

[ii] Il est à noter que l’auteur de ses lignes a une bien piètre idée de la géographie.

[iii] Attention ! Tu rimes que j’en ai froid dans le dos ! (note de Michel)                                                                             

[iv] Et çui la ? Tu l’a vu, çui là ?

[v] Aube, communion, mort de rire !

Notes du récipiendaire :
Le sieur et poëte der Mesnières ne semble, en effet, guère au fait de la géographie, langaiges et coutumesdu Pays d'Oc. Dame Dany est née dans l'Aude, point en Hérault, gavatche (estrangère) contrée pour les Catalans dont elle est issue de par sa famille d'Espaigne. En oultre, Rivesaltes est absolument ville catalane et la placer en Languedoc est manière d'injure purulente pour ses citoyens et mandants.
En second lieu, comme tous les scribouilleux nés près de la rivière vimeuse, le groniqueur de Mesnières oublie de citer hors ça leur hôtesse les femelles de la compaignie à savoir Dame Marie-Thérèse sa propre épouse et son fils Marco, Catherine  chevalière de Breteuil-embranchement et autres lieux venue ici pour se faire faire portraiturer par le Maître, son fils le petit Louis et la gravide Gwendoline, jeune épousée d'Etienne de Saint-Just et bru par conséquence de ladite Catherine qui deviendra mère-grand vers la Noël, ce qu'a Dieu plaise.
On voit par là dans quel état de sujétion le groniqueur place nos mères, épouses, cousines et autres maîtresses et amantes. De cela lui sera compté au jour du Jugement. Ainsi soit-il.

Jehan-Michel de Mesnières et Dame Marie-Thérèse
en pélerinage à Longuemort en Picardie
- photo Hubert -

Publié dans Nou Poéyis

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K
relire ce texte est un pur bonheur hilarant, mais lire ta réponse c'est l' extase ! et la photo est tout bonnement d'une ressemblance inquiétante, Marie Thérèse s'en sort honorablement.<br /> Bisous.Catherine de l'Embranchement de Breteuil sur Bacouël.
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