Osez changer les pratiques éditoriales...

Publié le par Michel Debray

 

J’ai envoyé mon premier roman manuscrit (La Poupée japonaise) par la poste vers 1976. J’ai entretenu une correspondance avec Albert Blanchard chez Denoël, Puis ce fut le tour de la Table Ronde de me tenir en haleine un bon moment.

- Oui, c’est pas mal, mais avez-vous le souffle ? Tiendrez-vous la longueur ?

 

Je vois pas mal d’éditeurs jusqu’à Jean-Luc Maxence de l’Athanor. A cette époque-là j’ai deux manuscrits et un troisième en chantier. Olivier Poivre d’Arvor laisse une note de lecture : « Cela vaut mille fois la publication ». Sans effet. En 1981, je deviens par quelques contacts le huitième Judas (auteur collectif) d’un écrit clandestin Libre rapport sur le milieu – Ce que tout le monde sait sur la République des lettres et quelque chose que tout le monde ne sait pas – aux éphémères Éditions de la Nuit.

 

En deux mois, j’écris Autorut du Soleil pour prouver à tous ces gens que je peux écrire un roman sans « considérations philosophico-politiques ». Je reçois une proposition malhonnête de Média 1000 qui veut faire de moi un nègre de l’écriture érotique de gare. Refusant leur chèque (un mois de salaire d’un instit’ à l’époque) et le caviardage de mon manuscrit, je finis par être édité par Buchet-Chastel (grâce au créateur de la maison : Edmond Buchet et aux dames du comité de lecture qui ont « aimé mon petit livre ») en 1982. Le fils Buchet n’a pas hérité de son père. C’est un « gestionnaire », autrement dit, une catastrophe. Le bouquin est mal maquetté, mal vendu.

 

J’ai cependant signé un contrat où je m’engage pour cinq bouquins du genre. Je leur écris Hyperfocale en 3 mois. Refusé. Je m’adresse au Fleuve noir en 1985. On me fait un contrat pour cinq ouvrages. Puis, silence radio. J’empoche 5 000 francs d’à-valoir. Pour rien. Les nouveaux proprios résilieront le contrat trois ans plus tard. Entre temps, j’ai écrit L’homme à la licorne. Tous ces livres sont dans la ligne d’Autorut. Une collection Fleuve noir était prévue pour cette littérature.

 

Pour l’anecdote un « spécialiste » du texte Louis Timbal-Duclos  perd une caisse de  champagne pour avoir parié avec François Richaudeau qu’Autorut a été écrit par Frédéric Dard ! Je dois le détromper pour sa déconvenue et la mienne : je n’ai pas les revenus littéraires de San-Antonio mais la comparaison est flatteuse.

 

J’écris ensuite Damianes, récit autobiographique romancé et Suite nuptiale (écrit en grande partie au féminin). Aman, série de contes drolatiques situé en terre d’islam reste à ce jour inachevé… Il me faudrait un peu d’enthousiasme, d’encouragements… L’homme est un mammifère qui a besoin d’être gratifié…

 

En 1983, dans un tout-autre genre et à la suite de rencontres avec Edgar Morin, je travaille (avec Dany Debray et Rémy Bobichon) sur l’Évangile pour les éducateurs, truc énorme, après avoir commencé un Dictionnaire d’anthropo-pédagogie. Finalement cela aboutit à Une journée à l’école rurale chez Retz en 1985. Écrit en quatre mois.  Je n’ai jamais rien su de l’état des ventes. Cette parution m’a rapporté 10 000 francs comme Autorut. Même chose pour le bouquin de vocabulaire analogique Jouer avec le vocabulaire pour mieux écrire (co-écrit avec Dany Debray) que François Richaudeau  a jugé « révolutionnaire » en 1990.

 

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J’ai écrit pour savoir : Que fait-on de la suite du manuscrit ? Continue-t-on un travail semblable pour les CP-CE1 ? Aucune réponse. Ce bouquin a été massacré par la publicité Nathan, nouveau propriétaire de Retz qui passera bientôt dans le giron de Vivendi-Universal nous transformant de facto en « collègues » de Sharon Stone ! Jamais défendu, cet ouvrage est passé complètement inaperçu. Nous essaierons de vendre « au porte à porte » ce formidable outil, cette machine à chercher et à trouver des mots dans le dictionnaire, donc à enrichir le vocabulaire des enfants. La valise de polycopies La planète des mots sera refusée par le CRDP…

Quand j’écris mes premiers portraits d’enfants en 1985, j’envoie ces textes à divers éditeurs en précisant que les textes pourraient être voisins de photographies d’enfants. Je n’ai jamais obtenu de réponse ! En 1987, Françoise Dolto publiait Enfances et on publiait dans la foulée des portraits d’enfants de Doisneau….

 

A la suite des publications chez Retz, François Richaudeau, qui est passé chez Albin-Michel, me commande ce qui deviendra 100 principes pour l’École qu’il finira par refuser. En vérité, je n’ai jamais compris ce qu’il désirait. Je pense qu’il voulait un recueil de recettes pédagogiques. J’ai défini des principes dans la ligne de l’anthropo-pédagogie. Mis en ligne sur le Net, ce travail, enrichi, mis à jour, constitue mon testament pédagogique. Chacun peut en faire son miel…

 

Un livre intitulé Oser changer l’école  qui se veut un hypertexte, co-écrit par Richaudeau, Bouyssou et Rossano est publié chez Albin-Michel (Bibliothèque Richaudeau) en 1996 avec le succès que l’on sait…

 

Je publie de 1991 à 2008 une revue confidentielle : Le Poil dans la Main. J’y publie en feuilleton mes écrits passés et présents dont  Masques, roman « cadavre exquis », co-écrit avec Clara Galtier Puis, lassé par le coût de l’expérience, le manque de réactivité des lecteurs,  je transforme cette publication en deux blogs : l’un consacré à l’art érotique, l’autre à l’actualité et je me consacre davantage à la peinture qui trouve davantage son public.

Dernière mésaventure. Je réalise une douzaine de dessins à la sanguine pour illustrer le texte de Giovanni Dotoli Je te ferai feuille de rose, chez Lucien Alain Benoit. Depuis deux ans, pas de nouvelles de l’éditeur avignonnais…

 

M.D.

 

 

Publié dans Clavardages

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