Chiens et chats

Publié le par Michel Debray

Place Clichy, chez Bébert, restaurant oriental. Couscous, tagines. Soudain un chat nous choisit comme commensal. Ce chat n'a pas de nom. Je le surnomme Bébert, en référence au matou de L.F Céline qui suivit son Bardamu de Paris à Sigmaringen et du Danemark à Meudon.

J'offre au matou des morceaux de saumon. Il se régale non sans avoir reniflé mes doigts afin de ne pas accepter la nourriture de n'importe qui. Puis, repu, il disparait dans les cuisines. Pas de reconnaissance, pas de remerciement, pas de salutation.

Le chat est un anarchiste, souvent un anarchiste  de  droite. Comme Paul Léautaud, Michel Audiard ou Antoine Blondin, mais en plus sobre... Le chat suivrait le Tour de France si Yvette Horner était une sardine géante à dévorer à chaque étape. Le chat est indépendant, autonome, farouche. Le chat ne vient pas se frotter contre vous par affection mais pour vous marquer de son sceau de fragrances. Il ne ronronne pas de plaisir parce qu'il est sur vos genoux, il ronronne afin que vous dépensiez des fortunes pour découvrir le secret de son ronronnement en de coûteuses et inutiles expériences de laboratoire.

Le chien est fidèle. Ce seul trait qui fait cliché signe sa servitude constitutive. Le chien a le cheveu rare et peu soigné, le falzar avachi, le cache-col rouge en souvenir de Mitterrand et la banane sur la bedaine. Il pue de la gueule car il néglige sa denture et se nourrit de trop de cochonnaille. Le chien est militant socialiste. Son affection fait peur à voir. Il y a quelque chose de la vieille maîtresse qui s'accroche à un fol espoir dans la nauséabonde amitié canine. Sa langue humide se fourre partout et vous étale sur le visage ou les mains les  pires sanies.

Celle du chat est râpeuse et parcimonieuse. Si un chat mal sevré prétend venir vous téter sous les aisselles, jetez-le par la fenêtre, ce n'est pas un félin, c'est un chien qui n'aura pas l'heur de tomber sur ses coussinets.

Le chat est doté d'un pénis doté d'écailles comme un harpon qui lui permettent de se cramponner au fond du vagin de la chatte. Les soirs de mars notamment, le coït est volcanique, sifflant, soufflant, irritant pour le voisinage, sado-maso car la femelle dont on peut imaginer la douleur, sitôt après l'éjaculat, se roule dans tous les sens pour s'en tapisser l'intime puis s'offrira encore et encore aux Raminagrobis les plus bagarreurs.

Une femme qui se fait chatte n'est pas nécessairement une chienne...

Observons une copulation canine. Haletante, sans élégance, laborieuse, elle s'achève généralement dans la posture ridicule du collé-serré cul-à-cul qui n'est point sans évoquer la énième tentative d'union de la gauche dont on a pu jadis et naguère à juste titre se gausser...

Ne cherchons pas un numéro de chats savants. Le chat ne se livre pas à ces pitreries indignes. Le seul chat que j'ai vu se commettre avec noblesse était blanc et dansait avec joliesse sur le justaucorps de velours noir d'une trapéziste du cirque Romanès.

Pas de chats de traîneaux, pas de chats d'avalanche, pas de chats d'aveugle. Le chat laisse l'humain se démerder avec ses problèmes. Au besoin en courant entre les jambes de l'infirme il fera se fracasser le non-voyant en bas de ses escaliers délivrant ainsi le voisinage de jérémiades n'ayant que trop duré.

Le chien est berger allemand, danois ou malinois. Il se gave de bière et de choucroute, vote FN ou CPNT et hante les sous-bois et les halliers en compagnie de gros beaufs en treillis, unis dans la même haine de la beauté et de la féminité.Le chien aboie, le maitre hurle et siffle, tous deux sont de bruyants crétins.

Le chat est persan, siamois, chartreux ou tigré européen. Il boit du lait, est friand de crème de marron Clément Faugier, revient parfois de ses commissions avec une plume ensanglantée d'oiseau à la moustache. Comme le disait Chaval : les oiseaux sont des cons. Le chat contemple les caractères sautillants de la vieille machine à écrire d'un écrivain qui se prend pour James Hadley Chase ce qui prouve qu'il n'est plus un perdreau de l'année...

Pif le chien est un mickey jaune et marron chiasse avorté sous le crayon calamiteux d'un dessinateur bolchevik. Rintintin un flic nordiste, Lassy la lascive, chienne fidèle-mon oeil, une franche salope.

Sylvestre est marrant, Hercule une petite frappe dotée d'un sparadrap croqué par Arnal dessinateur pour Vaillant et surtout Félix, qui consacre un  tiers de son temps au sommeil, est tout simplement HEUREUX.

Les Latins ne s'y sont pas trompés attribuant à la gente féline l'apanage de la félicité...

 

MD - 1er Nov 2010

 

 

Publié dans Clavardages

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M
<br /> Merci pour ce comm... mais où otends-tu que je n'aime pas les chats ?<br /> Ce texte est un éloge de la félinité...<br /> BISES<br /> <br /> <br />
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E
<br /> c'est pas mal... mais un peu partial... : tu n'aimes pas les chats (mais je pense que tu n'aimes pas les chiens non plus...)<br /> <br /> <br />
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